Tribune et Appel

Le nouveau confinement devrait être aussi l’occasion d’apprendre, de réfléchir, de mieux connaître et comprendre ce qui se passe dans le monde, en particulier la situation mondiale de l’eau et de l’assainissement, si difficile et même dangereuse pour les familles disposant de faibles ressources financières.

Qui sait en effet qu’une personne meurt toutes les dix secondes dans le monde (en majorité des enfants) faute d’avoir pu boire de l’eau potable ou d’avoir disposé de toilettes ?

Le monde serait-il devenu à ce point stupéfiant, mal informé et même dangereux pour certains, malgré les multiples moyens dont nous disposons ?

On apprend chaque jour la découverte de nouveaux prodiges techniques et la mise au point d’appareils de plus en plus sophistiqués (smartphones, tablettes, GPS, ou autres), mais peu de gens savent qu’à l’heure des sondes spatiales, des fusées intercontinentales et des ordinateurs ultra performants, mais aussi de dépenses publiques ou privées parfois aussi importantes que peu utiles, le tiers de l’humanité n’a pas d’eau potable et la moitié de toilettes sûres comme le rappellera la journée mondiale des toilettes du jeudi 19 novembre organisée par l’ONU.

Celle-ci indiquera, tout en rappelant la nécessité d’avoir des toilettes sûres et de se laver fréquemment les mains, les meilleurs moyens d’assainir de façon durable et d’éviter ainsi la propagation d’épidémies comme la typhoïde, le choléra ou la Covid 19.

Permettre à toute l’humanité d’avoir accès à de l’eau saine et à de vraies toilettes est pourtant un objectif fixé pour 2030 par l’ensemble des Etats. C’est même l’un des grands objectifs de l’Agenda 2030 et des 17 Objectifs de Développement durable (ODD) adoptés par la communauté internationale en septembre 2015. Si cet objectif n’est pas atteint, c’est l’ensemble des autres ODD qui ne le sera pas : lutte contre la pauvreté, santé pour tous, éducation de qualité, égalité des genres, réduction des inégalités.

Or, à quelques exceptions près, personne ne parle du fléau redoutable, non pas futur mais très actuel, dû à l’absence d’eau potable et de toilettes.

Qui sait qu'une personne sur quatre (2,2 milliards) ne peut même pas boire d'eau potable?

Qui sait que 2 milliards de personnes n’ont pas accès à des installations sanitaires de base alors qu’on passe en moyenne trois ans de sa vie dans des toilettes et qu’un seul gramme de fèces humaines peut contenir jusqu’à un millier de parasites, un million de bactéries, dix millions de virus et que 3 milliards d’individus ne peuvent pas se laver les mains chez eux alors que les autorités sanitaires n’arrêtent pas de dire depuis le début de la pandémie qu’il faut se les laver plusieurs fois par jour?

Qui sait surtout que ces graves pénuries provoquent, et ceci depuis longtemps, un décès toutes les 10 secondes, plus de 12 000 par mois et 3,5 millions /an et ceci depuis longtemps, soit trois fois plus que la Covid 19 qui a provoqué , mais heureusement une seule fois, 1,2 million de morts dont 40 000 en France.?

C’est d’autant plus inacceptable qu’on connaît les multiples solutions simples, performantes et souvent peu coûteuses qui permettraient à chacun de boire de l’eau saine et d’utiliser des toilettes en toute sécurité. Ces solutions sont d’ailleurs faciles à trouver sur des sites associatifs (comme par exemple sur le site trilingue (Fr,En,Es) www.wikiwater.fr, lequel contient de multiples vidéos et 120 fiches techniques abondamment illustrées), dans des ouvrages comme le livre récent « Réveillez-vous, demain il sera trop tard ! », ou dans les publications de divers organismes*

Aussi convient-il de s’informer davantage, de s’occuper de l’essentiel comme le manque d’eau, seul élément dont personne ne puisse se passer plusieurs jours sans prendre d’énormes risques.

Il ne suffit pas de s’indigner d’une situation honteuse. Il faut AGIR. Ça n’est pas difficile, ne nécessite pas beaucoup d’argent et peut ne prendre que très peu de temps.

Des documents électroniques peuvent être fournis gracieusement par plusieurs associations ou organismes*, puis transmis, sans frais et en quelques minutes avec un ordinateur ou un smartphone jusqu’à l’autre bout du monde. Ils pourront alors y être diffusés et exploités, évitant ainsi de graves maladies mais aussi la détresse de multiples mamans, lesquelles n’auront hélas rien pu faire pour sauver leur enfant, faute de dispensaire ou d’hôpital à proximité, mais dont personne ne parlera.

Il serait également utile d’intervenir dans la mesure des possibilités de chacun auprès des pouvoirs publics et des parlementaires pour leur demander :

- l’augmentation progressive de la part de l’aide publique au développement destinée à l’eau potable et à l’assainissement (700 millions € par an, soit 9 %),
- l’amélioration de son efficacité, tout en dépensant moins, ce qui serait selon nous possible en subventionnant bien davantage les programmes de développement permettant aux collectivités et aux populations à faibles ressources, notamment à celles qui se trouvent en zone rurale où vit la moitié de la population mondiale, d’accéder à l’eau et à l’assainissement par leurs propres moyens grâce à un transfert gratuit et adéquat de connaissances techniques,
- son attribution pour au moins la moitié sous forme de dons et non de prêts (89 %), et pour moitié également aux pays les moins avancés.

Nous appelons donc le plus grand nombre à profiter du confinement pour s’occuper utilement, s’informer et intervenir.

Certes chacun a ses propres engagements et problèmes personnels à résoudre, mais cela ne doit pas empêcher de se préoccuper aussi des autres d’autant plus que nous avons tous des moyens ou des talents spécifiques dont certains ne sont pas assez utilisés alors qu’ils pourraient être très utiles.

Sachez enfin que 60 personnes sont décédées dans le monde depuis que vous avez commencé à lire ce message, faute d’avoir pu boire de l’eau potable et d’avoir des toilettes.

Aussi, réveillons-nous, n’attendons pas et agissons !